mercredi 18 juillet 2007

Avale.

Le monde est si laid, Maman, le monde est affreux, Docteur.
Ne le voyez-vous pas ?
Il me répugne, c'est horrible.
Tous ces abominables charognards qui commettent d'ignobles crimes...
N'avez-vous pas lu sur ceux qui abusent les enfants, et ceux qui volent les dépourvus, et ceux qui assassinent leurs propres géniteurs, et ceux qui, pire encore, martyrisent leur propre progéniture ?
Ils exhalent une telle putridité.


Ne sentez-vous pas cette odeur qui reste captive de vos narines ?
Une émanation de sueur, de sang salé, de honte, l'odeur aigre du crime.
L'air en est saturé.
Mes vêtements s'en imprègne, elle infiltre sournoisement mes pores.
J'en suis infectée. J'en suis infectée !

Débarrassez-moi, videz-moi de cette odeur fétide.
J'ai tenté de m'en délivrer pendant de nombreuses années, à en perdre ma vie.
J'ai réappris à vivre et voilà qu'elle me colle à la peau, et je n'en veux pas.
Je n'en veux pas.
Cette impureté, cette fétidité, cette humanité.


Shhh.

- Voilà un comprimé à prendre chaque jour. Tu t'en sentiras mieux.
- Mais laissez moi à la fin, êtes vous aveugles ?
Shhh.

- Avale cette pilule bleutée, avale là, avale et oublie...